Romain Jean-Pierre, directeur technique de Château Figeac, Premier grand cru classé de Saint-Emilion
“La barrique doit être perçue comme un partenaire du vin.”
– Comment définiriez-vous l’élevage sous bois ?
La barrique doit être perçue comme un partenaire du vin. C’est une symbiose dans laquelle le parfait équilibre aromatique et structurel exige d’être trouvé en multipliant les contrôles de nombreux paramètres.
– Quelles qualités/vertus la barrique apporte-t-elle à un grand vin ?
Je résumerais les qualités de l’élevage sous bois en trois termes : arôme, structure et micro-oxygénation. L’apport aromatique doit être subtil et doit renforcer l’identité du vin. Les tanins de chêne possèdent un fort potentiel d’oxydo-réduction. Ils se révèlent donc très utiles durant la phase d’élevage pour prévenir un éventuel vieillissement prématuré ou l’apparition de notes de réduction. La barrique favorise une oxygénation très lente pendant 18 mois et cette micro-oxygénation permet d’assouplir les tanins du vin et de stabiliser sa couleur. Toute la difficulté de l’élevage réside dans le fait d’apporter complexité au vin tout en respectant l’identité du cru.
– Sauriez-vous produire un grand vin sans barrique ?
À Figeac, c’est un peu particulier. Chaque année l’élevage se déroule dans 100% de bois neuf donc vous avez la réponse à la question. Chaque parcelle sur le domaine est une unité bien distincte avec une identité et un terroir qui lui sont propres. Les lots de vins issus de ces parcelles trouvent leur destination dans un type de barrique bien déterminé, avec une origine de bois, sa chauffe, son grain… L’élevage en barrique participe donc pleinement à l’élaboration et la précision de Château Figeac. Cependant, tous les vins ne supportent pas un apport de 100% bois neuf et il faut encore une fois trouver la parfaite équation pour chaque domaine, chaque cru, que l’élevage se fasse en barrique ou en cuve.